La croissance annuelle ralentit, mais les banques octroient toujours un montant record de près de 160 milliards d'euros de crédits aux entreprises

24 juillet 2019 - 7 min de lecture

Fin mars 2019, les crédits octroyés par les banques belges aux entreprises ont marqué un nouveau record : 159,5 milliards d'euros. Sur une base annuelle, cela représente une augmentation de 4,9 %.

 

Toutefois, cette tendance ne vaut pas pour le nombre de crédits sollicités. Les entreprises ont en effet eu moins besoin de financement et ont demandé 1,1 % de crédits de moins au premier trimestre 2019 qu'à la même période en 2018. Le montant correspondant a même diminué de 12,7 %. Cette évolution trouve en fait principalement son explication dans le montant total exceptionnellement élevé des crédits demandés en 2018.

La production de crédit est en phase avec les demandes de crédit : on note une baisse de 2,8 % en nombre et de 9,8 % en montant.

Les entreprises contractent de plus en plus de prêts à long terme. En outre, elles font un usage intensif des lignes de crédit existantes. Ce qui explique que l’encours des crédits aux entreprises puisse noter un record alors que la production de crédit proprement dite connaît une croissance plus modérée.

Les entreprises ont indiqué qu'elles rencontraient moins de freins au crédit que par le passé. Le degré de refus pour le premier trimestre 2019 est - par rapport à tous les premiers trimestres - au niveau le plus bas depuis le début des mesures en 2009.

L'encours des crédits aux entreprises demeure élevé

 

Le montant des crédits aux entreprises utilisés (y compris les crédits d'engagement, par exemple les crédits de garantie et les crédits documentaires) reste élevé au premier trimestre 2019. Il est ainsi de 159,5 milliards d'euros en mars 2019.

Sur une base annuelle (par rapport à mars 2019 et mars 2018), l'encours a augmenté de 4,9 %.

Les entrepreneurs demandent moins de crédit; l’octroi de nouveaux crédits est en baisse

 

Au premier trimestre de 2019, les entrepreneurs ont demandé 1,1 % de crédits de moins que durant la même période de l'année précédente. En montant, une forte baisse, de 12,7 %, a été notée qui peut s'expliquer par le fait que les demandes de crédit au cours du trimestre correspondant de l'an dernier avaient été exceptionnellement nombreuses.

Le nombre de crédits accordés a diminué de 2,8 % au premier trimestre de 2019 par rapport au trimestre correspondant de l'exercice précédent. La baisse du montant de 9,8 % tient quant à elle à la production de crédit exceptionnellement élevée du premier trimestre 2018.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer les raisons pour lesquelles une réduction de la production de crédit au premier trimestre de 2019 peut aller de pair avec une augmentation de l'encours des crédits, quoique cette augmentation se soit contractée.

  • Il est statistiquement logique que l'effet de base observé dans la production de crédit n'ait qu'un effet modéré sur l'ensemble de l’encours des crédits (les crédits précédemment accordés ont un effet tampon sur l’encours total).
  • Le graphique ci-dessous montre au demeurant que la part des crédits à long terme aux sociétés non financières dans le total est en augmentation. Compte tenu de l’importance croissante des crédits à long terme, on observe moins de « rotation » dans le volume des crédits et il peut également y avoir une augmentation de l’encours total des crédits en cas de production de crédit plus modérée.
  • Par rapport aux trimestres et années précédents, le degré d'utilisation des crédits accordés aux sociétés non financières reste au niveau le plus élevé. En d'autres termes, les entreprises ont fait un usage intensif de leurs lignes de crédit existantes au cours du premier trimestre de 2019.

Les entreprises rencontrent peu d’obstacles dans le cadre de leurs demandes de crédit

 

Par rapport à tous les premiers trimestres, le degré de refus pour le premier trimestre 2019 est à son plus bas niveau depuis le début des mesures en 2009.

Les entreprises belges ont indiqué dans l'enquête périodique de la BNB qu'elles rencontraient moins de freins au crédit. La perception du frein au crédit reste historiquement faible. En avril 2019, 5,1 % des entreprises considéraient que les conditions de crédit étaient défavorables. L’indicateur du frein au crédit se situe ainsi, à une exception près, à son niveau le plus bas depuis le début des mesures en 2003.

Une diminution dans le graphique ci-dessous montre l'amélioration systématique de la perception des freins au crédit. Plus la courbe est basse, moins les entrepreneurs estiment être confrontés à des freins au crédit.

Les entreprises empruntent à des taux favorables

 

Malgré les taux favorables, les entreprises ont eu moins besoin de financement au premier trimestre de 2019, ce qui a entraîné une baisse de la demande de crédit. En avril 2019, le taux d'intérêt moyen pondéré sur les nouveaux crédits aux entreprises est tombé à un nouveau plancher de 1,52 %. 

Comme les entreprises souhaitent bénéficier plus longtemps de ce faible taux d'intérêt, elles demandent surtout des prêts bancaires à long terme (plus de 5 ans). Cependant, en 2018, elles ont de nouveau contracté davantage de crédits à court terme (jusqu'à 1 an).

Cela tient probablement au régime plus strict des versements anticipés à l'impôt des sociétés et à un besoin accru de financement pour l'exploitation effective de l'entreprise.