Opinion: pas de relance économique sans une refonte en profondeur

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Début mars, cela fera un an que nos vies et notre économie ont été placées sous cloche. Sur le plan économique, il s'agit là de la plus grande crise depuis la Seconde Guerre mondiale. L'économie a connu une dégradation quasi sans précédent l'an dernier, et la reprise a été et est toujours freinée par les flambées épidémiques.

 

Afin de limiter les dommages causés aux citoyens et aux entreprises, nos autorités fédérale et régionales ont donc multiplié notablement leurs dépenses. Et avec de bons résultats. Grâce à l'action du gouvernement, le chômage a à peine augmenté et le revenu disponible a été maintenu. Cela n’empêche que certains secteurs et certaines entreprises ou personnes ont été très durement touchés.

Les mesures de soutien massives actuelles sont pleinement justifiées, même à long terme, malgré leur impact significatif sur la situation budgétaire et la dette publique globale. Car les crises économiques graves laissent des cicatrices durables et émoussent de façon chronique la croissance de l'économie. Sur le plan économique, une récession fait perdre à chaque fois quelques années. Il est donc vital, au travers de dépenses temporaires, d’atténuer autant que possible l'impact de la récession afin de perdre le moins d'années possible.

Ceci est particulièrement important pour la Belgique. La vague de vieillissement de la population qui ne va pas tarder à débouler contraint depuis déjà pas mal de temps à une augmentation significative de la croissance et de la productivité. La pandémie et la crise économique qui découle de celle-ci rendent encore plus pressants les défis financiers futurs tels que la viabilité financière des pensions. L'accumulation de richesses ralentit, du fait de la pandémie, alors même que les défis restent inchangés. La relance de notre économie et son renouvellement structurel et durable seront d'autant plus nécessaires et urgents. La pandémie est une plate-forme brûlante pour les réformes et les investissements.

Un premier pas vers la reprise est actuellement franchi grâce à l'Europe. La Belgique reçoit un budget de près de 6 milliards d’euros pour financer des investissements réels et des réformes structurelles. Mais si l'on considère que notre pays a investi bien trop peu durant des décennies, il est clair qu'il faudra au moins dix fois ce montant, ainsi que le confirme le montant total des projets du plan de relance.

Toutefois, le plan européen ne peut être qu'un point de départ. Un effort d'investissement long et soutenu devra suivre. Et c'est là que réside l'un des grands défis. Opter pour des investissements réels, tels que définis dans le plan européen, nécessite un certain nombre de changements fondamentaux. Cela exige notamment que les autorités remettent sur le tapis la préférence qu’elles ont accordées pendant plusieurs décennies aux dépenses de consommation au détriment de l'investissement, mais cela exige également un cadre incitatif pour l'esprit d'entreprise et l'investissement privé. Cela implique aussi la mise en œuvre effective de réformes structurelles demandées par l'Europe ou l'OCDE.  Car une injection ponctuelle de quelques milliards sans "refonte" de notre cadre entrepreneurial ne serait au final qu’un coup d’épée dans l’eau.

- Geert Gielens, Director Economic Affairs Febelfin